La plainte d'Oracle contre Android : une attaque dirigée contre l'Open Source ?;

Pour Florian Mueller, défenseur du logiciel libre, et James Gosling, créateur de Java, le procès d’Oracle contre Google vise à mettre à mal la communauté Open Source supportant Java.

plainte oracle contre google

Cette plainte est vue par certains comme le début de l'un des plus longs contentieux judiciaires que connaîtra l'industrie informatique.

Google a répondu par la voix de son porte-parole Aaron Zamost. Il met en cause la solidité et la cible réelle du procès que lui intente Oracle.

« Nous sommes déçus de voir qu'Oracle ait choisi d'attaquer Google et la communauté Open Source Java avec  cette plainte sans fondement. La communauté Java va au-delà d'une firme ».

Il ajoute que « nous allons défendre les standards Open Source et continuer à travailler avec l'industrie sur la plateforme Android ».

Plusieurs spécialistes se sont exprimés sur le sujet, dont Florian Mueller, défenseur des logiciels libres et opposant aux brevets logiciels et James Gosling, créateur de Java.

Un signe de l'hypocrisie sur le logiciel libre

Selon Florian Mueller, Oracle attaquerait bien des composants Open Source et non du code propriétaire développé par Google.

« Je considère donc que c'est une attaque pour brevets sur des logiciels libres et Open Source ». Selon lui, c'est aussi « une agression contre la notion de standard ouvert, ce que devrait être Java ».

Oracle supporte pourtant publiquement le logiciel libre, notamment au travers de certaines coalitions demandant la libération complète de Java.

La plainte et le communiqué d'Oracle ne parlent d'aucun accord de licence sur ces brevets, préférant la méthode frontale au paiement par Google de l'utilisation de matériel breveté.

Dans ses démêlés judiciaires avec Microsoft, Oracle indiquait toujours avoir essayé d'aboutir à un accord financier ouvrant l'utilisation des brevets, indique le spécialiste.

Florian Mueller s'inquiète également des partenaires dépendants d'Android. « Ce serait très décevant que Google règle ce conflit en prenant seulement en compte son activité et non l'écosystème plus large, notamment les constructeurs d'androphones ».

Ce procès serait aussi une remise en cause de l'Open Invention Network (OIN). Ce réseau d'industriels dispose d'un portefeuille très important de brevets, partagé entre ceux promettant de ne pas faire de procès à Linux.

« Oracle et Google sont tous deux membres de l'OIN, donc ils ont en théorie un pacte de non-agression. Le procès d'Oracle contre Google démontre la faiblesse de la protection de l'OIN » déplore-t-il.

Une histoire de pouvoir et d'égo

James Gosling , fondateur de Java, n'est lui pas surpris de ce procès : « Lors du rachat de Sun  par Oracle, on pouvait voir l'oeil de l'avocat d'Oracle briller quand le débat en venait aux brevets entre Sun et Google ».

Pour lui, il n'y a pas de victime et de bourreau : « Il n'existe pas d'innocent au chapeau blanc dans cette histoire. Cette escarmouche n'est pas tant une histoire de brevets, de principes ou de langages de programmation que d'égo, de pouvoir et d'argent ».

Même Microsoft, qui avait tenté de lier Java à Windows, serait aujourd'hui d'une grande moralité face aux acteurs de la bataille qui se joue aujourd'hui, ajoute James Gosling.

Oracle n'a pas encore répondu publiquement aux critiques. A voir si ce procès tirera effectivement en longueur, voire s'étendra aux partenaires de Google, ou si un terrain d'entente sera rapidement trouvé, défendant ou non les intérêts de la communauté Java.

par Guénaël Pépin, businessMOBILE.fr via zdnet.fr


Daniel Bort
Spécialisé dans les gadgets informatiques, je cuisine également des plats exotiques à la maison pour équilibrer mon immersion constante dans les dernières technologies et les actualités du LLM.
Création FBKW